Errance de diagnostic : le TDAH longtemps masqué chez les femmes
- Maylis LAFON
- 25 sept.
- 4 min de lecture
Quand on parle de TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité), l’image qui vient spontanément à l’esprit est souvent celle d’un enfant turbulent, qui bouge dans tous les sens et peine à se concentrer. Pourtant, la réalité est bien plus complexe. De nombreux adultes découvrent tardivement qu’ils sont concernés, et parmi eux, une grande majorité de femmes.
Pourquoi ? Parce que leur TDAH est souvent masqué par des stratégies de compensation : perfectionnisme, sur-adaptation, organisation forcée. Ces efforts permettent de donner le change, mais au prix d’une fatigue immense et d’une estime de soi fragilisée.

Pourquoi le TDAH féminin est-il longtemps invisible ?
Plusieurs raisons expliquent cette invisibilité :
Les stéréotypes persistants : on associe encore le TDAH à l’agitation motrice, plus fréquente chez les garçons.
Le camouflage : beaucoup de femmes développent dès l’enfance des stratégies pour dissimuler leurs difficultés, en devenant appliquées, discrètes, voire “parfaites”.
Des symptômes intériorisés : hyperactivité mentale, anxiété, ruminations, hypersensibilité… souvent confondus avec de la dépression ou du stress chronique.
Résultat : au lieu d’être identifiées comme porteuses d’un TDAH, ces femmes reçoivent parfois des diagnostics partiels qui ne prennent pas en compte la réalité de leur fonctionnement.
Les signes d’un TDAH masqué chez les femmes
Une fatigue chronique banalisée
La plupart se disent « tout le temps fatiguées ». Même après une nuit complète, l’impression de fonctionner en surrégime demeure. Cette fatigue n’est pas une simple paresse, mais le reflet d’années de surcompensation.
Le perfectionnisme et la culpabilité
Pour cacher leurs oublis ou leur désorganisation, beaucoup deviennent perfectionnistes. Chaque détail compte, chaque retard est vécu comme une faute. Cette exigence permanente s’accompagne d’une culpabilité sourde : l’impression de ne jamais en faire assez.
Des difficultés d’attention déguisées
Oublis récurrents, incapacité à commencer certaines tâches, difficulté à terminer un projet… Ces difficultés sont souvent masquées par des listes interminables, du multitâche forcé ou un surinvestissement dans des routines contraignantes.
Les conséquences d’un diagnostic tardif
Un TDAH non reconnu peut avoir un coût psychologique important :
Épuisement professionnel : risque accru de burn-out à force de “tenir bon”.
Estime de soi fragilisée : années passées à se croire “fainéante” ou “pas assez organisée”.
Relations compliquées : impression d’être “trop” sensible ou “pas assez” stable.
Mauvais aiguillage thérapeutique : anxiété ou dépression prises pour des troubles isolés, sans voir la racine TDAH.
Comment reconnaître et accompagner un TDAH féminin ?
La première étape est souvent de consulter un professionnel spécialisé (psychiatre, psychologue, neuropsychologue). Une évaluation complète explore l’attention, la mémoire, la régulation émotionnelle, mais aussi l’histoire de vie depuis l’enfance.
L’accompagnement peut ensuite combiner :
une psychoéducation, pour comprendre le fonctionnement du TDAH ;
des stratégies concrètes adaptées au quotidien ;
un suivi thérapeutique pour travailler l’estime de soi et la gestion émotionnelle ;
parfois un traitement médicamenteux si nécessaire.
Un diagnostic n’est pas une étiquette : c’est une clé de compréhension. Il permet d’alléger la culpabilité et d’ouvrir de nouvelles pistes d’évolution.
Le TDAH chez la femme est souvent invisible, masqué derrière des années de sur-adaptation et de perfectionnisme. Pourtant, le reconnaître change tout : cela permet de relire son histoire autrement, de comprendre ses difficultés et surtout de découvrir ses forces.
Si vous vous reconnaissez dans ces descriptions, n’hésitez pas à en parler à un professionnel de santé : mettre des mots sur son vécu est déjà un pas vers plus de sérénité et de confiance en soi.
Vous vous posez encore des questions sur le TDAH chez la femme ? Voici quelques réponses aux interrogations les plus fréquentes.
Quels sont les signes du TDAH chez la femme adulte ?
Chez la femme adulte, le TDAH se manifeste souvent par une hyperactivité intérieure (pensées incessantes), une grande distractibilité, des oublis fréquents, une tendance à la procrastination ou à l’éparpillement. Contrairement aux clichés, l’agitation physique est moins visible. Beaucoup compensent par un perfectionnisme ou une organisation excessive. Ces efforts masquent le trouble, mais entraînent une fatigue chronique et un sentiment de ne jamais en faire assez.
Pourquoi le TDAH est-il souvent diagnostiqué tardivement chez les femmes ?
Le diagnostic de TDAH chez les femmes est souvent tardif car leurs symptômes ne correspondent pas aux stéréotypes classiques. On attend encore l’image de « l’enfant turbulent », ce qui invisibilise les formes plus intériorisées. De plus, beaucoup de femmes développent des stratégies de camouflage : elles se suradaptent, deviennent ultra-organisées ou s’investissent à l’excès pour masquer leurs difficultés. Résultat : leur souffrance est attribuée à de l’anxiété ou de la dépression, retardant la reconnaissance du TDAH.
Quelle est la différence entre anxiété et TDAH masqué ?
L’anxiété et le TDAH peuvent se ressembler : difficultés de concentration, ruminations, fatigue. Mais le TDAH est un trouble neurodéveloppemental présent depuis l’enfance, qui affecte durablement l’attention, l’impulsivité et la régulation émotionnelle. L’anxiété est souvent une conséquence secondaire du TDAH non reconnu, liée à des années de sur-adaptation et de peur de l’échec. Un professionnel peut aider à distinguer ces deux réalités, parfois intriquées.
Quels sont les risques d’un TDAH non diagnostiqué ?
Un TDAH non reconnu peut mener à une grande souffrance psychologique : baisse d’estime de soi, épuisement lié à la surcompensation, isolement relationnel. Sur le plan professionnel, le risque de burn-out est élevé, car la personne dépense une énergie considérable pour rester « à flot ». Sans diagnostic, le parcours thérapeutique peut être inadapté (traitements centrés uniquement sur l’anxiété ou la dépression). À l’inverse, la reconnaissance du TDAH ouvre des pistes d’accompagnement plus ciblées et efficaces.
Comment se faire diagnostiquer un TDAH adulte ?
Le diagnostic du TDAH adulte repose sur une évaluation complète menée par un professionnel formé (psychiatre, psychologue, neuropsychologue). Elle inclut un entretien clinique, des questionnaires et parfois des tests neuropsychologiques. L’objectif est de vérifier la présence des symptômes depuis l’enfance, leur retentissement actuel et leur distinction d’autres troubles proches. Ce processus permet d’éviter les confusions diagnostiques et de proposer un accompagnement adapté (stratégies cognitives, psychothérapie, traitement médicamenteux si nécessaire).
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